Osée

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  Date: 23 avril 2006 Animatrice: Rose Ompraret jobanaxos@wanadoo.fr
 
 
 

 

 
 

De quoi s'agit-il ?

C'est un livre prophétique. Autrement dit, il contient essentiellement des prophéties prononcées par Osée. Ces prophéties (ou oracles) ont d'abord été données oralement sous forme de courts poèmes. Ce n'est que plus tard qu'elles ont été rassemblées pour former un livre, soit par le prophète lui-même, soit par un ami ou disciple. Ces différents oracles sont généralement courts (quelques versets) ; l'ordre dans lequel ils se suivent dans le livre n'est pas forcément logique Il faut donc étudier chaque morceau séparément ; et pourtant il faut aussi tenir compte du reste du livre. C'est l'ensemble qui dessine le message du prophète.

Tous ces oracles s'adressent au peuple de Dieu à un même moment de son histoire. Les avertissements qu'ils contiennent sont motivés par une situation religieuse, morale, sociale ou politique précise. Il est important de la connaître. Les promesses divines que transmet le prophète sont aussi liées à cette situation, mais elles dépendent surtout du dessein de Dieu. Elles révèlent le caractère de Dieu.

Un trait propre du livre d'Osée est le fait que les prophéties sont introduites par le récit d'un épisode de la vie d'Osée : son mariage. Comme dans le cas de Jérémie, la vie du prophète est étroitement liée à son message La personne d'Osée, son caractère, sa souffrance apparaissent au travers de ses paroles .

Le contexte historique

Le royaume d'Israël, dont Samarie était la capitale, au VIIIè siècle avant Jésus-Christ : tel est le cadre du ministère d'Osée. Quelques vingt ans plus tôt, Amos avait annoncé la Parole de l'Eternel à Israël : un message de condamnation à cause du mépris dans lequel les chefs du peuple tenaient la Loi divine, et en particulier ses exigences de justice, malgré un vernis de religion. La destruction annoncée par Amos ne s'est pas encore produite quand Osée prend la parole à son tour. Mais la situation ne s'est pas améliorée. C'est encore le jugement de Dieu que doit annoncer le prophète.

Le VIIIè siècle était pourtant une période de prospérité en Israël. Une paix relative a permis le développement de l'économie du pays. Les grands voisins (Syrie, Egypte) sont trop affaiblis pour être menaçants. Et si l'ombre de la puissance assyrienne commence à s'étendre, le danger ne parait pas bien grave aux Israélites. Tout va bien ; ils se croient forts.

Mais la prospérité d'Israël n'est pas pour tout le peuple. Elle s'est édifiée au détriment de toute une partie de la population, en particulier les petits paysans. La richesse a coulé vers les villes (les sanctuaires religieux comme Béthel en ayant largement leur part) Beaucoup de paysans ont été ruinés, par de mauvaises récoltes ou des guerres ; ils ont dû emprunter à un taux d'intérêt élevé et, ne pouvant rembourser, ils ont été contraints de vendre leurs propriétés. Autrement dit, les lois qui cherchaient à protéger les pauvres (Deutéronome 15 ; 23:19) ne sont pas appliquées. Lisez Amos 5:11-12, 8:4-6 ; Osée 10:13, 12:8 ; Esaïe 5:8 (pour le royaume de Juda).

L'appauvrissement des uns, contrastant avec le luxe des autres, est une des manifestations du péché d'Israël. Une autre apparaît au plan politique : la violence, les complots. Les chapitres 14 et 15 du 2ème livre des Rois donnent une idée de cette période. Lisez 2 Rois 14:23-29, 15:8-31.

Parallèlement, la situation internationale se dégrade. L'Assyrie se fait de plus en plus menaçante : 2 Rois 15:18-20, puis 28:30 ; enfin 17:1-23 : la chute de Samarie en 721.

" Cela arriva parce que les enfants d'Israël péchèrent contre l'Eternel, leur Dieu " (2 Rois 17:7). Dieu les avait pourtant avertis par la bouche d'Amos, puis d'Osée.

Le culte idolâtre

Le péché le plus grave se voit dans la vie religieuse d'Israël. Osée dénonce non seulement des désobéissances à certaines lois, mais un véritable abandon de la foi au Seigneur qui a délivré Israël hors d'Egypte. Le nom de l'Eternel continue à être invoqué en Israël. Il reste le Dieu du pays ; des sanctuaires lui sont dédiés, des sacrifices lui sont offerts. Mais le culte de l'Eternel côtoie celui des baals et, bien souvent, imite les cultes païens des Cananéens. La contagion du paganisme est plus forte que le respect de la Loi mosaïque. Les baals étaient des dieux de la nature, de la fertilité. Leur culte, qui comprenait la prostitution sacrée (acte fécondant), avait pour but de protéger la terre et d'assurer de belles récoltes. Pourquoi ne pas transférer de telles pratiques au culte de l'Eternel ? Surtout que les baals laissaient à leurs adorateurs une grande liberté quant à la conduite morale - pourvu que les rites religieux soient accomplis ! Voilà qui est plus commode pour les prêtres et les puissants que les exigences de la Loi divine. Ainsi donc, Israël invoque le nom de l'Eternel et lui offre un culte (comme à baal), mais se moque bien de sa volonté.

Le prophète

Tout ce que nous savons de lui, c'est par son livre que nous le savons. Cela ne nous permet pas d'écrire sa bio graphie. Mais il y a dans la vie d'Osée deux faits d'importance : l'un est l'appel que Dieu lui adresse (1 :l> ; l'autre est son expérience conjugale (ch. 1 et 3). Elle nous est racontée d'abord au chapitre 1, à la troisième personne, puis au chapitre 3 à la première personne. Les circonstances exactes ne sont pas claires. Mais ce qui est sûr, c'est qu'Osée a épousé, sur l'ordre de l'Eternel, une femme nommée Gomer, dont il nous est dit qu'elle était une prostituée et qu'elle lui a été infidèle (1 :2 ; 3:1).

Certains commentateurs ont pensé qu'il ne s'agit pas d'une histoire réelle. mais d'une sorte de parabole mimée. Mais la plupart pensent que les faits se sont bien passés ainsi. Gomer était-elle simplement une femme légère, appelée prostituée à cause de sa conduite après son mariage - ou une prostituée sacrée, exerçant son activité dans un sanctuaire de baal ou de l'Eternel (puisqu'en Israël les deux cultes se mêlaient) ? On n'en est pas certain.

Ce que nous apprenons par contre, c'est que ce mariage a pour but de manifester l'infidélité d'Israël à son Dieu, comparable à celle d'une femme adultère envers son mari. Ce mariage est un geste symbolique (on en trouve d'autres chez les prophètes : Jérémie 13 :1-11, 19 :1-13 ; Ezékiel 4 et 5).

Mais ce geste symbolique d'Osée a une portée beaucoup plus grande qu'une simple dramatisation ou qu'une parabole en actes ? Car c'est une réalité que le prophète vit dans sa chair, dont il souffre profondément : sa femme lui est infidèle. Et pourtant, il ne cesse pas de l'aimer.

A travers cette expérience, Dieu parle à Osée. Il lui fait comprendre quelque chose que des mots ne suffisent pas à exprimer : sa propre souffrance à lui, Dieu, de voir son amour trompé, trahi, bafoué par un peuple infidèle. Comme Osée, Dieu vit le drame de l'infidélité de l'être aimé. Mais lui non plus ne cesse d'aimer celle qui déçoit son amour.

Le message

Le message qu'Osée communique au peuple d'Israël est d'abord et surtout la proclamation de l'amour fidèle et persévérant de Dieu. Mais c'est en même temps un appel à la repentance et la menace d'un châtiment si Israël ne se repent pas.

Chapitres 1 et 3 : le mariage malheureux du prophète.

A noter : les noms des enfants d'Osée (dont le 3ème au moins n'est pas de lui) Jizréel signifie " Dieu sème " - mais cette vallée a surtout laissé le souvenir d'un lieu de batailles (luges 4:12-16) et de massacres (2 Rois 10:1-10). les noms sont symboliques et annoncent le rejet des enfants d'Israël à cause des " Gomer " la femme de prostitution qui symbolise l’état délabré du peuple infidèle. Lo-Ru chama signifie " pas aimée " " la non-aimée "  ou " dont on n'a pas pitié " la patience divine est parvenue à son terme, Lo-Ammi signifie " pas mon peuple " tu-n’es-plus-mon-peuple ; le nom manifeste le divorce. Le nom du fils aîné  " Yisréel " annonce le châtiment qui va frapper la dynastie de Jehu (cf 2Rois10-30).

Chapitre 2 : la révélation de l'amour de Dieu trahi par Israël.

L'alliance conclue entre Dieu et son peuple est ici assimilée à un mariage. D'autres prophètes (Jérémie 2:2, 3:1-12; Ezékiel 16 et 23 ; Esaïe 54:5-10) ont repris ce thème. Jésus lui-même se présente comme l'époux (Matthieu 22:1-14, 25:1-13) et Paul parle de l'amour du Christ pour l'Eglise comme modèle de l'amour d'un mari pour sa femme (Ephésiens 5:25-23).

C'est par amour que Dieu a choisi Israël et a fait alliance avec lui. Dans cette perspective, le péché, c'est avant tout la trahison de l'amour, l'infidélité, la prostitution.

Ce chapitre comporte premièrement une accusation d'infidélité, suivie de l'annonce d'un châtiment (2:4-15). Au verset 7, les amants dont il est question sont bien entendu les Baals, divinités de la fécondité. Ils passaient donc en quelque sorte pour des "spécialistes" des récoltes. Ici, Dieu rappelle que c'est lui seul qui fait germer le blé ou la vigne, qui donne l'huile ou la laine. Les Israélites seront punis par où ils ont péché (2:11-15). Mais ces menaces sont en même temps un appel à la repentance (v. 8-9).

Ce chapitre comporte deuxièmement l'annonce de la réconciliation entre Israël et son Dieu, grâce à l'amour fidèle de Dieu (2:1-3 et surtout 16-25). Ce dernier passage est certainement l'un des plus beaux et des plus importants de tout l'Ancien Testament. Au-delà de la restauration d'Israël, il annonce le salut en Jésus-Christ, oeuvre de l'amour persévérant de Dieu.

A noter : la vallée d'Acor (= vallée du malheur) devient une porte d'espérance : encore un nom symbolique (v. 17). La relation entre Dieu et son peuple ne sera pas la crainte due à un maître, mais l'amour pour un mari. " Baal " signifie justement " maître " ou " seigneur ".

Les versets 21-22 sont d'une richesse étonnante. Les mots hébreux sont difficilement traduisibles (comparez plusieurs traductions). Justice et droit évoquent non seulement un juste traitement mais aussi le souci que l'autre ne soit pas privé de ce à quoi il a droit (Psaume 105:6) ; c'est le contraire de l'injustice, mais pas de la miséricorde ou du pardon.

Grâce évoque un amour gratuit, immérité, miséricordieux. Le mot traduit par " miséricorde " est " hésed " (voir étude 11). C'est un des mots-clefs de l'Ancien Testament : il signifie " amour fidèle ", un amour qui s'est engagé envers l'être aimé et que rien ne peut détourner de son objet ; il implique la miséricorde, mais aussi la fidélité, la loyauté, la persévérance.

Enfin, Dieu promet la fidélité : ce mot qui a la même racine que " amen " signifie à l'origine : la solidité, ce sur quoi on peut s'appuyer, donc ce qui est vrai et fidèle.

Les enfants d'Osée changent de nom - ou dans le cas de Jizréel retrouve le vrai sens de son nom " Dieu sème ". Le symbole est en quelque sorte renversé : il annonçait le châtiment, il annonce désormais la réconciliation. Ce renversement est le fruit de l'amour de Dieu - mais il demande le retour, c'est-à-dire la repentance d'Israël (v. 16).

Le reste du livre d'Osée

Il répète les éléments du message du prophète sous forme de courtes prophéties. Il n'est pas possible de les étudier toutes en détail dans cette étude, ni même de les citer toutes. Ce que vous pouvez faire, c'est de classer ces oracles selon les différents éléments du message d'Osée, tels que nous les avons déjà vus dans ce deuxième chapitre :

a) la souffrance de Dieu qui voit son amour bafoué : 3 :1, 11 :1-6, 11 :8.

b) l'infidélité d'Israël (l'acte d'accusation, généralement suivi de l'annonce du châtiment).
- l'idolâtrie : 4:11-14, 8:4-7, 8:13-14, 10:5, 13:1-2, etc... - l'absence de connaissance vraie de Dieu - il ne s'agit pas seulement de connaissance théorique, doctrinale, mais de discernement de sa volonté ; ce qui est tragique, c'est qu'Israël ne voit pas de différence fondamentale entre l'Eternel et un Baal. On croit qu'il suffit de faire des sacrifices, sans se soucier de lui obéir dans la vie courante : 4:1-3, 8:1, 6:7-11, 9:11-13, 12:1...
- la confiance en soi, en sa force (7 :8-12, en ses alliances (8:8-10, 10:13-15), en sa richesse (12:8-9).
- la perversion des prêtres (4:4-10, 5:1-7) et l'ambition des grands (7:3-7).
- le refus d'écouter la Parole de Dieu (9:7-9).

c) l'annonce du châtiment : 5:8-12, 10:9-10, 13:7-11.

d) la bonté de Dieu et la promesse de pardon et de réconciliation : 6:1-6, 14:5-10. Le début du chapitre 6 mérite qu'on s'y arrête plus longuement. Les trois premiers versets ont une portée qui dépasse la libération d'Israël des menaces qui pèsent sur son avenir immédiat. La volonté de salut de Dieu qui s'y exprime indique déjà l'œuvre du Christ. Sa venue est aussi certaine que celle de l'aurore : telle est l'espérance du croyant. Quant au verset 6, il a été cité par Jésus (Matthieu 9:13, 12:7) pour résumer ce que Dieu attend des hommes : la miséricorde.

e) l'appel à la repentance : 6:1, 14:1-4, Dieu ne cesse d'espérer le retour de son peuple aimé. II le croit encore possible : 5:15

Interprétations

Dans la vie d’un prophète , le fait mémorable prend souvent la tournure d’un acte symbolique, d’un geste lourd de signification prophétique. Il se décompose en trois temps : l’ordre divin est présenté de façon très schématique ; le récit devient réalisation, dépouillé de toute notation extrême ; enfin le commentaire précise de quelle vérité ce geste est le symbole.

" Aime la femme bien qu’elle soit adultère " car lui-même aime les enfants d’Israel, bien qu’ils se tournent vers des cultes idolâtriques.l’amour de Yavhé est non seulement gratuit, justifié par aucun mérite, mais miséricordieux.

Avant Osée, la mythologie cananéenne a développé ce thème de l’épouse divine. Elle envisageait que le dieu Baal, dieu du ciel, avait, en quelque sorte, à ses côtés sa parèdre, la terre, qu’il employait à rendre féconde par le don de la pluie.

Non contente d’accepter des amours coupables, israel est allée jusqu’à courir derrière ses amants à qui elle attribue l’abondance des biens dont elle est comblée, et qui ne lui viennent en réalité que du seul Yavhé.

La faute d’Israel est une méconnaissance de l’action compatissante de Dieu qui depuis l’entrée d’israel en palestine, est l’auteur ou la source de l’abondance avec laquelle Israel recueillait les fruits de la terre (cf Deut. 26,1-11).

Tout le drame Oséen montre qu’on ne peut oublier celui que l’on aime et yavhé se souvient d’Israel en dépit de son infidélité.

Juge et bourreau, Yavhé se fait soudain séducteur :il prend à l’écart Israel et loin de tous, ,il lui parle au cœur.ainsi faisait Sichem dont " l’âme toute entière était attachée à Dina " et qui l’aimait.(Gen, 34,3). Ainsi, Booz avec Ruth (Ruth 2,13). Ainsi, le lévite dans le livre des juges qui parle au cœur de sa femme pour qu’elle revienne(Juges 19,3). Parler au cœur, c’est inviter, au nom d’un grand amour, à un geste de renoncement difficile.

Dès lors, comment l’homme ne serait-il pas inéluctablement entraîné vers Dieu quand ce dernier conquiert par sa parole qui est à la fois l’expression de la sagesse et de l’affection divine et qui ne craint pas d’utiliser pour ses révélations les plus sublimes, les réalités humaines les plus ambiguës. C’est la valeur divine de l’amour.

Quels sont les motifs de l’accusation de yavhé contre Israel ? israel est dépourvu de sincérité " emeth ", cette absolue vérité d’un homme auquel les autres peuvent faire une totale confiance, et qui se manifeste dans les actes comme dans les paroles.Il manque aussi de sens communautaire, cette chaleur de l’amitié, qui fait de deux individus que la vie a fait se rencontrer, des amis.

 

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Le livre d’Osée est le récit de l’union du prophète avec une prostituée, dont il aura trois enfants. Cette union est commandée par Yavhé. (Os,1 et 3).

En arrière plan de ce récit, se dessinent deux réalités qui doivent se construire : l’unification politique des royaumes de Juda et Israel _sud et nord_ en un seul, le royaume de David et la totale soumission de l’Hebreu à un seul Dieu ,Yavhé.(Os,2 1-3 , 2 16-25).

Le récit suppose qu’un constat a été fait antérieurement sur la réalité politique et géopolitique du royaume des Hébreux : un royaume divisé en deux, Israel au Nord et Juda au sud, un royaume composé de tribus qui font alliance au gré des forces et faiblesses du moment avec les royaumes voisins. Le récit prend dès lors un aspect prophétique dans la mesure où il prévoit la chute d’Israel, affaiblie par ses dissensions internes et son inconséquente volonté d’autonomie, une volonté encouragée par l’opportunisme de ceux qui détiennent le pouvoir et en abusent.(Os,6 7-11 ; 7 1-16 ; 8 1-14 ).

C’est un constat sans appel , sous une forme dithyrambique, qui met en cause les décideurs, les gouvernants, les hommes de pouvoir , les prêtres, ceux qui ont en charge la structure sociale du groupe.

Le deuxième constat qui transparaît est celui de l’investissement religieux de l’individu, considérant que le monothéisme est le fondement de toute unité sociale. Le culte du dieu Baal est le reliquat des différents polythéismes et autres croyances auxquels les peuples d’alors s’adonnaient.

Derrière ces deux constats, se dégage une problématique : Si l’homme est soumis à un chaos intérieur, il n’est pas encore un être social capable de socialiser et d’unifier le groupe auquel il appartient.Du coup,non seulement il est inutile au groupe mais il représente un danger pour sa survie, celle du royaume (politique) et celle d’un peuple(culturelle). Le seul roi reconnu étant David.

Quel rapport avec le récit du mariage d’Osée ?

Soit le récit est simplement une parabole permettant de faire comprendre à chacun par une situation du quotidien connue de tout quidam, l’enjeu des forces politiques et des dangers inhérents. De sorte qu’une prise de conscience individuelle amène le changement de politique.

La communication est orale, le mode habituel est celui du conte oriental dont la première des vertus est d’enseigner. Quel homme politique est Osée ?

Soit il s’agit d’une histoire réelle, celle du prophète, qui aurait épousé une prostituée par amour et aurait sublimé cette relation en lui accordant une valeur de symbole, considérant que l’homme prend conscience des choses qui l’entourent ou qui sont en lui, soit en vivant la souffrance soit en étant spectateur ou auditeur de celle des autres. Quel homme de conscience est Osée ?

En tout état de cause, le récit a une fonction didactique.

Plusieurs interrogations surviennent :

1Comment Dieu peut-il ordonner au prophète d’épouser une prostituée ?

2Quelle valeur peut-on accorder à la prostitution, acte normalement anti-moral, lorsqu’on sait que Gomer signifie " la parfaite " ?

3Pourquoi cette femme a-t-elle un rôle aussi prépondérant –comme Eve- dans une société essentiellement masculine ?

4Dans une société qui met l’accent sur l’appartenance à une lignée, l’importance de la filiation, de la transmission de l’héritage culturel, la survie de l’espèce par la procréation obligée (la stérilité est perçue comme un mal), voici que le prophète a des enfants non reconnus, issus de rien, et même pour son troisième enfant, une paternité reniée puisqu’il s’agirait d’un bâtard.

5Quelle vision de sentiment amoureux nous est donnée ici ? amour-passionnel, irrationnel, inconvenant, stérile,coupable ?

6Quelle remise en cause de la notion d’adultère ? Tu ne convoiteras pas la femme d’un autre, tu n’épouseras pas la femme d’un autre quand bien même celle-ci a été rejetée et abandonnée par son époux.

 

Tentatives de réponses :

1-Epouser une prostituée pour accepter de tomber dans la déchéance (cf job), affronter la honte, l’opprobre, le discrédit, la marginalisation. Descendre vers un point de non-retour, proche de la mort pour mieux renaître. Plusieurs épisodes de la bible évoquent cet aller vers l’extrême duquel Dieu seul peut nous retirer (eve et l’alliance renouvelée, Jonas, Job…).

Ici, ce qui interpelle, c’est la nudité absolue des sentiments extrêmes : une bonté exagérée, un amour quasi passionnel, pour Osée, une déchéance extrême pour Gomer qui, bien qu’épouse d’Osée, bien que mère de trois enfants, continue à être et prostituée et infidèle à l’époux qui doit la racheter ! Valeur initiatique du voyage ? (retour à la nudité et à la non-vie en 2,5) Notons que rien n’est dit des enfants.

2-Sur la prostitution, on lit des critiques, qu’il s’agirait d’une prostitution sacrée. Ce qui peut paraître plus noble. (la honte de s’être prostituée en 2,7)

3- La femme ou plus précisément la féminité serait-elle le vecteur essentiel permettant la renaissance de l’homme qui, dans l’épreuve, reconnaît la toute puissance de Dieu et s’y soumet ? Faut-il associer féminité et renaissance ?

4-Enfants miroirs : ceux de Job vivent dans l’insouciance, ceux d’Osée sont rejetés par les prénoms qui leur sont donnés, ceux d’Eve se tuent, ils sont châtiés, ils sont bannis, ils désobéissent etc. Et Dieu, magnanime, les réinscrits dans l’histoire de sa famille. En aucun cas ils ne sont exclus du processus de filiation même si parfois ils peuvent être temporairement rejetés.

5-Comme souvent dans la Bible l’amour, sentiment, grandit celui qui le porte, quand bien même il ne peut le gérer.C’est un amour fait de pardon, de compassion, d’attirance aussi et même dans la nécessité d’un acte de survie de l’espèce (il la connut), il est toujours présenté avec émotion, comme un moment privilégié, où on se parle exceptionnellement de cœur à cœur. Dans Osée, ce Dieu d’amour reconquiert ceux qui l’ont abandonné : " C’est moi qui vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur ".

C’est un Dieu espérant avec patience infinie le retour de l’être humain, inconstant et peu fiable par nature : " Mon cœur est bouleversé en moi, en même temps que ma pitié s’émeut. Je ne donnerai pas cours à l’ardeur de ma colère…car je suis Dieu et non pas homme. "(11-8)

6-D’un côté Dieu donne les règles à respecter pour vivre en société et de l’autre ce qui devient faute mérite malgré tout le pardon. C’est la grâce de Dieu, dans son extrême bonté.

 
 
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