Job |
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Date: 10 janv 2004 | Animatrice: Rose Ompraret | jobanaxos@wanadoo.fr | |
«Pauvre comme Job » | |||
« Voici,
tu mas donné des jours comme la largeur dune
main, et ma durée est comme un rien devant toi.
Certainement, tout homme qui se tient debout nest
que vanité. » Psaumes 39.5 |
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Plan
du livre 1.1 à 2.13 Prologue (épisode céleste) 3.1 à 14.22 Première série de discours
3
Job 15.1 à 21.34 Deuxième série de discours
15 Elifaz 22.1 à 31.40 Troisième série de discours
22 Elifaz 32.1 à 37.24 Intervention dElihu en quatre discours 38.1 à 42.6 La réponse de Dieu
38.1 à 40.2 Dieu
42.7-16: Epilogue jugement des amis et restauration de Job. 1- Job
a-t-il réellement existé ? Le
pays dOuts où vit Job serait un district du pays dEdom,
au sud est de la mer morte. « Sois
joyeuse et exultante, Belle Edom qui habites au pays dOuts
(Lam. IV). « Même
si Noé, Daniel et Job se présentaient devant moi, je ne
pardonnerais pas à ce peuple.(Ezéchiel XIV.14) Un
neveu dAbraham se nomme Outs (Gen XXII,21). Le
prologue et lépilogue seraient un conte oriental
de la fin du 2° millénaire avant J.C., repris en Hébreu
à lépoque de Samuel, David et Salomon(XI°-X) s.
av J.C.). Découverte
des fragments dun manuscrit de Job en vieille écriture
hébraïque (les
manuscrits de la mer morte-1952- Dupont-Sommers). Job
serait lun des trois conseillers du pharaon à lépoque
de Moïse, selon le Midrach : -Billam
ou Ballam (prophète païen qui tente de maudire Israël ;
il représente le Mal. -Jethro(le
futur beau-père de Moïse ; il représente le Bien). -Job
(il garde le silence ; il est neutre). 2-Dieu
joue-t-il aux dés ? Le
contexte : -
Au pays du ciel, Dieu réunit les anges en assemblée plénière et
fait le point sur lordre terrestre. -
Satan, écarté du giron céleste, arrive après avoir
visité la terre. - Question
provocatrice de Dieu à légard de son rival ?:
« As-tu remarqué Job
il est exceptionnel ». -Fronde
narquoise de Satan : « tu nas aucun mérite
tu
las protégé.. il ne taime que par intérêt. » -Dieu
accepte le défi : « soit, Job est entre tes
mains, épargne seulement sa vie ». -Quel
investissement personnel dans un défi ? Interrogations :
Pourquoi ce marché ? -Rose :
Dieu est-il joueur, fier et sûr de sa réussite ?
Peut-être souffre-t-il dune non reconnaissance
absolue par cet ange qui le désavoue ? Peut-être
la réalité du mal met-elle en doute sa toute puissance ? -Philo :
Tous ces états dâme sont ceux dun humain,
pas dun Dieu
mais en tout cas, Dieu tient à
ce que sa gloire soit reconnue. -Rose : Si la gloire de Dieu sétendait à sa capacité à maîtriser le mal ,il ne permettrait pas la chute de celui quil a créé à son imge
Quels liens affectifs, filiaux, hiérarchiques unissent
Satan à Dieu ? Est-il la conscience dun Dieu
qui doute, sa part dombre, de père
meurtrier à limage dAbraham ou celle du fils
libéré de la tutelle du père et renégat à limage
de Moïse ? -Philo :
Plusieurs textes des prophètes ont été interprétés
comme une évocation de lorigine de Satan, un ange
supérieur, tombé par orgueil (Ezech28,11-19 ; Isaïe
14,12-20) -Rose :
La souffrance imposée à Job ne fait que renforcer lidée
de la vanité de lhomme et de sa conscience face
à son destin. Mais, la douleur de Job némeut pas
ce Dieu qui na pas de sentiments compassionnels.
Quels bénéfices peut-il en tirer ?Etquels bénéfices
pour Job ? -Philo :
En tout cas, tout le livre veut montrer que ce bénéfice
est bien réel, à la fin
-Rose :
Et il est aussi matériel ! Quelle sera désormais lattitude
de Job pour conserver ce que Dieu lui a rendu au
double- ? Offrira-t-il des holocaustes ? Sommes-
nous revenus à la case départ dune foi à
toute épreuve ? Quand bien même tout le monde
meurt autour de lui , il continue à avoir la foi
en Dieu de sorte quil faudra lui imposer lépreuve
de la lèpre maligne pour conclure lexpérience .
Et cest sa femme qui intervient pour lui demander
de ne plus être la victime expiatoire de Dieu :
« Maudis Dieu et meurs ». La mort libératrice ?
Le suicide libérateur ? quelle part de liberté
avons-nous ? -Philo :
Plusieurs fois dans la Bible, il est affirmé que la mort
est préférable à la vie (Matt 18,6 ; Phil 1,23).
Pourtant, les seuls exemples de suicide quon y
trouve sont ceux dun roi orgueilleux (1 Sam 31,4)
et dun traître (Matt 27,5) ! 1-
Le cri le plus fort est celui qui na pas été
poussé. Le
contexte : -Silence
au pays dOuts : Job offre des holocaustes pour
chacun de ses enfants, vit en silence, aime et craint
Dieu en silence, mène une vie dhomme silencieuse,
pas de confrontation avec ses fils, tout est calme et
harmonieux. Au pays du ciel, cest la grande
discussion : Satan et Dieu sopposent, on rend
compte, on bouge, on saffronte, on ironise. -Au
début, Job accepte ses malheurs et conserve sa foi. -Puis
viennent les trois amis qui restent eux aussi silencieux
pendant sept jours et sept nuits aux côtés de Job dont
la douleur grandissait. -Au
pays céleste, le silence est revenu : on attend de
voir. Interrogations : -Rose : Où sont tous les autres amis de Job ? -Philo :
Sans doute sont-ils indifférents, ou dépassés, ou peut-être
simplement effrayés
-Rose :
Les amis présents sont-ils des médiateurs qui
chercheraient une justification à la souffrance de Job ?(de
Job avec Dieu- de Job avec lui-même- pour eux-mêmes-
pour lordre social). -Philo :
Peut-être plus simplement essaient-ils de chasser leur
propre sentiment de révolte dinjustice, de malaise ? -Rose :
Parler, empêche-t-il la douleur ? Qui parle ?
Est-ce la parole dun monologue intérieur ?
Est-elle formatrice ? -Philo :
Nous avons parfois limpression davoir connu
ce monologue. -Rose :
La parole est-elle le seul lien vrai entre les êtres ?
Que dit-elle de plus ou de moins que le silence ? -Philo :
Dans un premier temps, les amis sétaient assis à
côté de Job, en silence. Il lont ainsi aidé à
passer un cap insoutenable. -Rose :
Ces dialogues avec les amis puis avec Elihu étaient-ils
nécessaires à la rencontre prochaine de Job avec Dieu ? -Philo :
On se le demande puisque Dieu va complètement changer de
« conversation »
-Rose :
Job ne cesse de réclamer une confrontation avec Dieu
mais il se heurte à un mur de silence, comblé par le
fleuve des mots terriens .Enfin, Dieu répond :
« Le Seigneur répondit alors à Job du sein de louragan »
(38.1) En principe, on trouve Dieu dans le silence
(1
Rois 19,12 ; Eccl 5,2) ; dans la communion des âmes
-Philo :
Cest vrai, mais selon leffet désiré, Dieu
peut aussi se montrer dans le feu, le vacarme (Ex 19,16-19)
etc. -Rose :
Que signifie cet ouragan ? Symbole dun lien
unissant le milieu divin au milieu humain ? -Philo :
Sans doute une démonstration de force capable de
fasciner, subjuguer Job
et de lui faire oublier un
peu sa dimension et ses misères
-Rose :
Quelle entrée en matière ! « Qui est celui
qui dénigre la providence par des discours insensés ? ».
Voilà larrivée du maître ! » Ceins
donc tes reins comme un brave, je vais tinterroger
et tu minstruiras. » -Philo :
Sans doute Dieu se montre-t-il ici ironique : Est-ce
toi qui vas me donner des leçons, ou linverse
? -Rose :
A qui sadresse Dieu et de qui parle-t-il ? Où
sont les amis , la femme de Job, Elihou ? Auditeurs
silencieux ? Spectateurs muets ? Ou bien, seul
Job voit-il et entend-il Dieu ? -Philo :
Ils sont oubliés par lauteur. Peu importe
Job représente ici LA créature, seule face à celui qui
est LE créateur. -Rose :
Silence de Job devant lextraordinaire , lineffable
présence divine en lui ou face à lui, on ne sait. -Philo :
Nous sommes tous tombés dans ce silence, devant un
paysage magnifique, ou dans un instant de grâce, quand linstant
présent suffit. -Rose :
Quand la raison ne peut apporter dexplication,
quand une pensée claire ne suffit plus à embrasser ce
qui nous émeut. -Rose :
Petit à petit, le pays céleste et la terre se
rejoignent, puis on se recentre sur le petit monde de
Job, ses amis, puis sur Job et enfin, voici, comme un théâtre
dans le théâtre lultime dialogue entre le ciel et
la terre, dans une scène émouvante de réconciliation
et de pardon.Dieu pardonne ; il restaurera Job dans
ses richesses. Or , par la reconnaissance de la grandeur
de Dieu, Job admet une nouvelle fois sa propre « petitesse ».Peut-on
parler dune transformation de Job, dans la
maturation ? « Jai abordé sans le
savoir des mystères qui me confondent » Faut-il
accepter le mal non comme un châtiment mais comme un
mystère ? Dieu parle aussi aux amis et leur donne
une punition « pour avoir mal parlé ». -Philo :
Ce nest pas vraiment une punition : plutôt un
reproche et une pénitence qui na rien de bien
contraignant (42,8). -Rose :
Que dit Dieu ? Saura-t-on enfin pourquoi il a accepté
de sacrifier Job et pourquoi sest-il prêté à ce
jeu pervers ? -Philo :
Je ne dirais pas "pervers", mais seulement
"terrifiant" -Rose :
Le mot reste discutable. Ceci dit, rien de
tout cela. Mais la beauté même du grand uvre, du
grand horloger. « As-tu,
un seul de tes jours, commandé au matin, et
assigné à laurore son poste, pour
quelle saisisse la terre par ses bords et
en secoue les méchants ? La
terre alors prend forme comme largile sous le
sceau, Et
tout surgit, chamarré. Mais
les méchants y perdent leur lumière, Et
le bras qui sétait levé, sest brisé.(
) Peux-tu
nouer les liens des Pléïades Ou
desserrer les cordes dOrion, Faire
apparaître les signes du zodiaque en leur saison, Conduire
lourse avec ses petits ? Connais-tu
les lois des cieux, Fais-tu
observer leur charte sur terre ?(
) Et
aussi : «
De quel côté habite la lumière, et
les ténèbres, où donc logent-elles, pour
que tu les accueilles dès leur seuil et
connaisses les accès de leur demeure ? Tu
le sais bien puisque tu étais déjà né et Que
le nombre de tes jours est si grands ! Es-tu
Adam né le premier ? de quelles ténèbres sagit-il ?
Où sont leurs demeures ? Savons-nous
qui décide, nous qui pensons décider ? -Rose :
Job répond, enfin, dans un souffle dextase : « Je
ne fais pas le poids, que te répliquerais-je ? Je
mets la main sur ma bouche. Jai
parlé une fois, je ne répondrai plus, Deux
fois, je najouterai rien. » «
Je sais que tu peux tout et
quaucun projet néchappe à tes prises. «
Qui est celui qui dénigre la providence Sans
y rein connaître ? » Eh
oui ! jai abordé sans le savoir, Des
mystères qui me confondent. Je
ne te connaissais que par ouï-dire Maintenant
mes yeux tont vu. Aussi,
jai horreur de moi et je me désavoue Sur
la poussière et sur la cendre. » -Philo :
De quoi Job se repend-il donc ? Certainement pas de
tous les soupçons que faisaient peser sur lui ses amis.
Mais plutôt davoir oublié quil était une
créature dépendante qui avait un créateur tout
puissant et souverain
-Rose :
Ne serions-nous que des êtres asservis ? Pourquoi
alors toutes ces interrogations ? Quelle part de
nous-même serait en éternelle construction ? Où
est notre maître ? |
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