Les femmes dans l 'Ancien Testament

Accueil

   

Thèmes

 
 
 
  Date: 14 décembre 2006 Animateur: Pierre-Henry Nau ph.nau@libertysurf.fr
 
 
   
 
Sommaire.

1 Eve et ses filles
(Pierre-Henry)
11- Eve, et tout s'explique
12- Dans la Genèse
2 Les femmes en Israël (Pierre-Henry)
21- Dans la famille
22- Dans la société
23- Dans la vie religieuse
Conclusion (Rose)

1 Eve et ses filles

1.1 Eve et tout s'explique

L'histoire d'Eve est essentielle, car elle va fixer certains fondements de la vision juive de la place des femmes mais aussi de la vision chrétienne.

1- Gen 1,27-28 : A l'image de Dieu : « Et Dieu créa l'homme à son image; il le créa à l'image de Dieu; il les créa mâle et femelle. Et Dieu les bénit; et Dieu leur dit, Fructifiez, et multipliez, et remplissez la terre et l'assujettissez, et dominez sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, et sur tout être vivant qui se meut sur la terre. »
La femme est créée à égalité avec l'homme, à l'image de Dieu. Tous deux reçoivent ensemble la bénédiction et la mission de peupler la terre.

2- Gen 2,18 et 21-24 : Modalités : « Et l'Eternel Dieu dit, Il n'est pas bon que l'homme soit seul; je lui ferai une aide qui lui corresponde&hellip Et l'Eternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, et il dormit; et il prit une de ses côtes, et il en ferma la place avec de la chair. Et l'Eternel Dieu forma une femme de la côte qu'il avait prise de l'homme, et l'amena vers l'homme. Et l'homme dit, Cette fois, celle-ci est os de mes os et chair de ma chair; celle-ci sera appelée femme, parce qu'elle a été prise de l'homme. C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils seront une seule chair ».
La femme est créée après l'hommes, à partir de lui et pour lui être une aide. Ceci donne une certaine primauté à l'homme. Mais le mot hébreu choisi pour aide n'indique pas de subordination : Il est plus proche de complément que de servante.
Remarquons aussi qu'elle est créée à partir d'une côte de l'homme : « La femme a été tirée d'une côte d'Adam, non de sa tête pour être son chef, ni de son pied pour être son esclave, mais de son côté pour être son égale, de sous son bras près de son bras pour être protégée, et près de son coeur pour être aimée » (Matthew Henry)

3- Gen 3,6 : La chute : « Et la femme vit que l'arbre était bon à manger, et qu'il était un plaisir pour les yeux, et que l'arbre était désirable pour rendre intelligent; et elle prit de son fruit et en mangea; et elle en donna aussi à son mari pour qu'il en mangeât avec elle, et il en mangea ».
Eve se laisse influencer par le serpent et par l'apparence du fruit défendu et succombe la première à la tentation, entraînant Adam, ce qui trahit la plus grande faiblesse de la femme par rapport à l'homme.
Malgré cela, c'est l'homme qui est interpellé par Dieu, ce qui montre sa plus grande responsabilité.

4- Gen 3,16 : La femme reçoit son lot de malédictions : « A la femme il dit, Je rendrai très grandes tes souffrances et ta grossesse; en travail tu enfanteras des enfants, et ton désir sera tourné vers ton mari; et lui dominera sur toi ».
Trois choses :
La douleur de la grossesse et de l'accouchement qui continuent d'exister malgré les techniques modernes (angoisse)
L'attraction inexplicable qui pousse la femme vers l'homme (qu'est-ce qu'elles nous trouvent ?).
La domination de l'homme sur la femme, qui une dérive néfaste de la primauté initiale : L'autorité de l'homme devient du pouvoir, sa responsabilité devient prérogative.

5- Gen 3,15 : La femme reçoit aussi une bénédiction : Sa descendance brisera la tête du serpent : Ceci annonce de la venue de Jésus, le Sauveur du monde, né d'une femme, qui vaincra le Diable, mais aussi plus largement, proclame que les femmes, par la maternité, tiennent les clés de l'avenir.

1.2 Dans la Genèse

Les autres femmes de la Genèse n'ont pas l'impact doctrinal d'Eve, mais nous permettent de se faire une idée de la condition féminine au temps des patriarches : Prenons les épouses des patriarches (Polygames, sauf Isaac).

-Sara :
1 Pi 3,6 : Elle appelle Abraham « Seigneur », ce qui montre un très grand respect envers son mari. Respect ne semble pas signifier distance, puisque Sara ne manque pas une occasion de lui donner son avis à Abraham et de l'influencer, positivement d'ailleurs (à propos d'Agar, la mère d'Ismaël).

-Rebecca :
Elle épouse Isaac, un homme qu'elle n'a jamais vu, mais après avoir été laissée libre d'accepter ou de refuser (Gen 24,58). A son départ, ses frères lui adressent une bénédiction typique de la Genèse : «Toi, notre soeur, deviens des milliers de myriades, que ta descendance occupe la porte de ses adversaires ! » (Gen 24,60) : Ici, la réussite d'une femme est avant tout d'avoir une nombreuse descendance. Par la suite, Rebecca se montre assez manipulatrice à l'égard d'Isaac.

-Rachel :
Rachel meurt à la naissance de son deuxième fils (12e pour Jacob). Elle l'appelle Ben Oni (fils de ma peine), et on un peu choqué de voir Jacob le rebaptiser aussitôt Benjamin (fils de ma force). Manifestement, le fils prime sur l'épouse.

2 Les femmes en Israël

2.1 Dans la famille

1 Importance de la virginté : Une femme trouvée non vierge dénoncée par son mari est lapidée (Deut 22,21).

2 Concubinage : Si un homme a des relations sexuelles avec une femme, il doit l'épouser ou verser l'équivalent d'une dot à son père (Ex 22,16)

3 Importance de la lune de miel : Un homme ne part pas à la guerre dans la première année de son mariage pour prendre soin de sa femme (Deut 24,5) mais aussi dans le souci de fonder une postérité.

4 Polygamie n'est pas instituée mais évoquée par plusieurs passages :
-Pas de favoritisme à l'égard des enfants de femmes différentes (Deut 21,15),
-Le roi ne doit pas avoir un trop grand nombre de femmes (Deut 17,17) : Mauvais exemple de Salomon (300 femmes, 600 concubines)
-Un homme peut avoir des servantes qui soient en réalité des concubines : Elles doivent être traitées comme des épouses sans quoi elle peuvent quitter librement la maison de leur maître (Lév 21,11)

5 Lévirat : Lorsqu'un homme meurt, son frère doit épouser sa veuve (Deut 25,5) pour donner une postérité à son frère. Il peut refuser, mais en est blâmé. Exemple : Ruth : Son lévir la refuse et elle peut épouser Boaz.

6 Sanitaire : A partir du début de ses règles, une femme est impure pendant 7 jours et rend impur tout ce qu'elle touche pendant un jour. A la fin des 7 jours, elle doit offrir un sacrifice (Lév 15,19-30)
Même chose quand elle accouche d'un garçon, mais la durée est de 15 jours si elle accouche d'une fille (Lév 12,1-7)

7 Importance de la maternité
-Protection des femmes enceintes : Un homme qui frappe une femme et entraîne une fausse couche est mis à mort (Ex 21,23).
-Jugement de Salomon (1 Rois 3,25)
-Nombreux exemples de femmes stériles désespérées ou exaucées : Anne (mère de Samuel : Femme de prière qui se rend à Silo chaque année avec son mari. Dieu exauce ses prières en lui donnant un fils, Samuel, qu'elle consacre à Dieu. (1 Sam 1 et 2)
Anne et son mari forment un couple exemplaire : Ils s'aiment, communiquent, et Anne prend des initiatives heureuses.
-Chaque femme juive rêve de mettre au monde le Messie.

8 Education : Les enfants doivent honorer leur deux parents sans distinction entre le père et la mère (Ex 20,12 ; 21,17)

9 Divorce : Répudiation : Son mari la renvoie et lui donne une lettre de divorce qui la rend libre de se remarier (Deut 24,1)
Mais Dieu « hait la répudiation » (Mal 2,16)

10 En cas d'adultère, l'homme et la femme impliqués sont tous deux mis à mort (Lév 20,10)

2.2 Dans la société

1 Moeurs : Prostitution interdite (Deut 23,17), viol puni de mort (Deut 22,25)

2 Professionnel : Pas cantonnées aux tâches domestiques :
Sages-femmes hébreues qui ont sauvé la vie de Moïse à sa naissance.
Femme vertueuse de Prov 31 : Femme d'action, chef d'entreprise : Elle parle avec sagesse, commande son personnel, fait du commerce, achète du terrain, décore sa maison...

3 Civil : Seuls les hommes de plus de 20 ans sont comptabilisés dans les recensements (No 1,2).

4 Politique : Les chefs des 12 tribus et les chefs de famille sont tous des hommes. (No 1,4)
Exceptions :
Déborah (Juges 4,4) : Elle dirige avec modestie et efficacité Israël pendant 40 ans. Elle propose à un homme , Barak, de diriger l'armée d'Israël, mais il refuse de le faire sans elle. Le duo remporte une grande victoire. Débora est une des deux seules femmes de l'histoire d'Israël à l'avoir dirigé, avec Golda Meir (1898-1978), premier ministre de 1969 à 1974.
Certaines reines ont joué un rôle important :
La plus célèbre est malheureusement Jézabel, une étrangère idolâtre dont la cruauté (1 Rois 19,2) est restée proverbiale.
Esther, elle, est devenue reine par son mariage avec l'empereur perse Xerxès 1er et a su attirer la bienveillance de son mari sur Israël.

2.3 Dans la vie religieuse

1 Totalement absentes du sacerdoce: Pas de femmes sacrificateurs (prêtresses)

2 Il y a toutefois des prophétesses qui donnent des oracles de Dieu ou ont rôle religieux auprès des femmes :
Myriam (soeur de Moïse) : A la sortie de la Mer Rouge, elle compose un chant et le fait chanter en écho aux femmes israélites (Ex 15,20)
Hulda : C'est une prophétesse qui annonce l'avenir au roi Josias de la part de l'Eternel (1 Chro 22,14-20). On peut noter que contrairement à la plupart des prophètes, elle ne donne pas de consignes au roi, mais seulement une prophétie.

3 Tabernacle : Comme les hommes qui ne sont pas sacrificateurs, elles accèdent au parvis qui entoure la tente d'assignation. (Ex 38,8)

4 Temple : Les femmes n'entrent pas dans le parvis intérieur du Temple (1 Chro 5,3), mais se tiennent dans le parvis Est. On trouve aussi des femmes dans les chorales sacrées (chantres) au temps de Salomon (1 Chro 25,5) au temps de l'exil (Né 7,67). Ces chorales chantent à l'entrée du parvis intérieur.

5 Dans les synagogues, apparues au temps de l'exil, elles sont séparées des hommes et silencieuses.

Pierre-Henry

Conclusion

L’Ancien Testament est riche de portraits de femmes qui dévoilent avec une surprenante acuité et le corps et l’esprit.

Le corps, il est dans le regard de celui qui tombe sous le charme de sa beauté, pas seulement de celle de la finesse des traits ou de la couleur de la peau mais également de celle qui naît de la caresse du geste, de la douceur du regard, en sorte que la justesse des mots nous invite à penser que l’homme sait reconnaître, en lui et chez l’autre, les arcanes des sentiments, des émotions, du non-dit.

L’esprit, il est dans l’analyse de celui qui raconte, dit, redit, suggère par la métaphore au fil de ses récits. Là encore, l’auteur fait preuve de maîtrise et avère une connaissance subtile des méandres de la psychologie féminine.

Tout y est : la femme-mère, nourricière, protectrice. La servante, fidèle ou rebelle.L’aimée. L’épouse.La prostituée.La prophétesse.La femme stérile.La femme de pouvoir.La perfide et l’intrigante.La veuve.La sœur.La fille…

L’homme y est : L’époux. L’amoureux. L’amant. Le passionnel. Le veuf. Le fils….

Il veille à la pérennité du clan ; il négocie l’épouse ; il force l’amour ; il donne un statut à la femme mais il bafoue aussi son intégrité. Le viol n’est pas absent. Et s’il ignore la femme, elle est là.

Avec le couple, la famille, avec la famille, le clan, avec le clan, le peuple, avec le peuple, la nation. Premiers pas vers une souveraineté reconnue. L’Ancien Testament confirme une conception politique et économique des relations hommes-femmes.

Rose.

 
 
  Ecrivez-nous: cheminsdulivre@free.fr